CHEZ SYLVIE

CHEZ SYLVIE

LES YEUX

LES YEUX

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Des yeux sans nombre ont vu
l'aurore ;
Ils dorment au fond des tombeaux
Et le soleil se lève
encore.

Les nuits plus douces que les jours
Ont enchanté des yeux sans
nombre ;
Les étoiles brillent toujours
Et les yeux se sont remplis
d'ombre.

Oh! qu'ils aient perdu le regard,
Non, non, cela n'est pas
possible !
Ils se sont tournés quelque part
Vers ce qu'on nomme
l'invisible ;

Et comme les astres penchants,
Nous quittent, mais au
ciel demeurent,
Les prunelles ont leurs couchants,
Mais il n'est pas vrai
qu'elles meurent :

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Ouverts à
quelque immense aurore,
De l'autre côté des tombeaux
Les yeux qu'on ferme
voient encore.

 

SULLY PRUDHOMME

 



05/02/2013
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